La Bourse de Paris au plus bas annuel en clôture face à trop d’incertitudes
La Bourse de Paris a clôturé à son plus bas niveau annuel mardi, dans un contexte dégradé par le bras de fer entre les autorités européennes et l’Italie, et un manque de visibilité sur des dossiers politiques.
mardi 23 octobre 2018, par FranceTransactions.com (avec AFP)
La Bourse de Paris au plus bas annuel en clôture face à trop d’incertitudes
L’indice CAC 40, qui a clôturé en recul pour la cinquième séance consécutive, a perdu 85,62 points à 4.967,69 points dans un volume d’échanges étoffé de 4,88 milliard d’euros. Son dernier plus bas de clôture remontait au 26 mars 2018. Lundi, la place parisienne avait fini en repli de 0,62%.
Après une ouverture en nette baisse sous le seuil des 5.000 points, la cote a creusé ses pertes, tombant dans la matinée jusqu’à 4.961,78 points, un plus bas depuis fin mars 2017. Après avoir tenté par la suite un rebond au-dessus des 5.000 points, l’indice est retombé sous ce seuil pour terminer au plus bas annuel de clôture.
Les investisseursn’ont "pas de visibilité sur l’Italie, ni sur le Brexit, ni sur les sujets de guerre commerciale ou de conflit politique potentiel entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite", a indiqué à l’AFP Andrea Tuéni, analyste pour IG France.
"Beaucoup de sujets restent sans réponse et justifient que les marchés soient en retrait", explique-t-il. Par exemple : "sur la saga italienne, va-t-on réussir à trouver une sortie de crise ?"
Par ailleurs, note l’expert, "les dernières nouvelles sur le plan microéconomique n’ont pas été forcément encourageantes". La "séance assez catastrophique en Chine", comme la faiblesse des marchés américains ont également pesé, selon lui.
La Commission européenne a rejeté mardi le projet de budget italien pour 2019, une première dans l’histoire de l’Union Européenne, le jugeant nettement hors des clous européens. Romedispose désormais d’un délai de trois semaines pour réviser sa copie.
Le vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, a déclaré que son gouvernement ne retournerait "pas en arrière" malgré la décision de Bruxelles.
Le repli est à mettre sur le compte du "regain d’inquiétude sur le bras de fer entre Bruxelles et Rome sur le budget italien, les déclarations du président turc Erdogan concernant l’assassinat (présumé) du journaliste (Jamal) Khashoggi et le rebond avorté des principaux indices chinois", ont expliqué aussi les experts de Mirabaud Securities Genève.
Le président turc a préconisé mardi que les meurtriers présumés du journaliste saoudien Jamal Khashoggi soient jugés à Istanbul, et insisté sur le caractère soigneusement prémédité de ce crime, contredisant la version avancée par Ryad.
Côté macroéconomique, àdeux jours d’une réunion de la BCE (Banque centrale européenne), les conditions de crédit ont continué à s’améliorer lors du troisième trimestre en zone euro, en dépit de la fin proche du programme de soutien à l’économie.
"Peu de rescapés" sur le CAC 40
"La baisse est tellement prononcée qu’il n’y a pas beaucoup de rescapés sur le CAC 40", a souligné M. Tuéni.
Atos a dégringolé de 22,22% à 70,00 euros, lesté par l’abaissement mardi de sa prévision de croissance organique pour 2018.
Total, une des plus grosses pondérations du CAC 40, a perdu 1,96% à51,06 euros en raison des cours du pétrole qui ont reculé fortement mardi en cours d’échanges européens pour toucher leur plus bas en un mois.
Pernod Ricard, qui a souffert d’un abaissement de recommandation de Kepler Cheuvreux, a cédé 2,37% à 129,50 euros.
Le secteur bancaire très exposé au dossier italien a poursuivi sa glissade : BNP Paribas (-1,54% à 47,56 euros), Crédit Agricole (-1,82% à 11,55 euros) et Société Générale (-1,44% à 33,60 euros).
STMicroelectronics a chuté pour sa part de 3,36% à 13,52 euros, affecté par la chute de plus de 30% en séance de son concurrent AMS, coté en Suisse, après des prévisions décevantes pour le quatrième trimestre.
Renault a lâché 1,00% à 65,10 euros, pâtissant d’un chiffre d’affaires en baisse de 6% au troisième trimestre, même si le constructeur a confirmé ses objectifs financiers pour l’année 2018.
Eurofins a gagné en revanche 4,31% à 421,40 euros, soutenu par le relèvement de ses prévisions de chiffre d’affaires pour 2019 et 2020, à la faveur d’une croissance externe dopée par plusieurs grosses acquisitions depuis l’an dernier.
Getlink (ex-Eurotunnel) a pris 2,57% à 10,99 euros, profitant de l’augmentation de son chiffre d’affaires de 6,8% au troisième trimestre.
Essilor est monté de 2,80% à 119,50 euros après un chiffre d’affaires de 1,81 milliard d’euros au troisième trimestre, en hausse de 4,4% et des objectifs annuels confirmés.
Ingenico a perdu 0,98% à 64,40 euros après avoir enregistré un chiffre d’affaires en hausse au troisième trimestre, mais revu à la baisse sa prévision de rentabilité annuelle.
Innate Pharma a bondi de 37,16% à 6,57 euros, bénéficiant de l’annonce du renforcement de son accord de développement en oncologie avec le géant pharmaceutique britannique AstraZeneca.
pan/fka/az