La crise économique de 2020, d’une ampleur historique, aura des impacts sur le fonctionnement des marchés financiers

En pleine pandémie, la gestion d’actifs subit un véritable test de résistance et la crise aura des effets profonds, avertit mercredi le gendarme français des marchés, tout en se félicitant de l’afflux de nouveaux investisseurs au profil rajeuni et rappelant l’importance de la Bourse pour la relance de l’économie.

jeudi 30 avril 2020, par FranceTransactions.com (avec AFP)

Coronavirus : un test de résistance pour la gestion d’actifs

Le coronavirus "qui a frappé l’Europe à la fin de l’hiver rend presque anecdotique le compte-rendu de l’activité 2019", affirme l’Autorité des marchés financiers en préambule de son traditionnel rapport annuel, présenté mercredi. "Sur les marchés, la pandémie a en effet déclenché à la fois une crise opérationnelle liée au confinement massif des acteurs et une crise financière liée à une révision drastique des valorisations des divers actifs", écrit le président de l’AMF, Robert Ophèle, dans un courrier au chef de l’Etat qui figure en introduction du document. Et, ajoute-t-il, "tout laisse à penser que cette crise aura des conséquences structurelles sur le fonctionnement des marchés financiers".

Après une "période de grande turbulence" et malgré les "difficultés opérationnelles", "il faut garder les marchés ouverts : ils sont essentiels au financement de l’économie dans la crise, et ils seront essentiels pour financer la reprise de l’activité", a martelé M. Ophèle mercredi lors d’une conférence en ligne.

150.000 particuliers reviennent en bourse

Certes, "certains épargnants ont naturellement été désemparés par ces chocs, voyant la valeur de leur épargne se réduire brutalement et devant parfois se passer de dividendes, il y a pu avoir la tentation de placements alternatifs et nous avons vu refleurir les offres frauduleuses." Mais dans le même temps, se réjouit-il, l’AMF a constaté l’afflux en Bourse de quelque 150.000 nouveaux investisseurs particuliers, avec un profil nettement plus jeune que les investisseurs traditionnels. "Il faudra voir dans les prochains mois (...) si cette évolution se confirme", a-t-il dit, rappelant qu’"on ne rentre pas sur le marché actions pour quelques jours". "C’est une évolution particulièrement importante, car le principal défi est celui du renforcement des fonds propres des entreprises, et le recours à la dette ne peut pas seul couvrir les besoins de financement".

Jusqu’ici, "les infrastructures de marché ont assuré leur fonctionnement opérationnel", et côté gestion d’actifs, les défis posés par la crise "ont été relevés de façon globalement satisfaisante", en partie grâce aux annonces de la Banque centrale européenne (BCE)", estime-t-il également dans le rapport.

La finance durable en vedette

Concernant le bilan 2019 de l’institution, l’année a été particulièrement active pour la finance durable. L’AMF a ainsi "multiplié les initiatives" avec notamment "la création en juillet 2019 d’une commission Climat et finance durable" et la mise en place "d’un mécanisme de suivi et d’évaluation des engagements climatiques".

Arnaques financières : 1 milliard d’euros de perdus en 2 ans

Sur le terrain des arnaques, le gendarme boursier a relevé une "professionnalisation des escrocs" avec une "délinquance plus agile et évolutive, à l’origine d’au moins un milliard d’euros de pertes entre juillet 2017 et juin 2019", les publics les plus touchés étant les plus de 60 ans.

Introductions en bourse

En matière d’introductions en Bourse, dans un contexte de taux d’intérêt bas "et d’incertitudes liées au Brexit", le nombre d’arrivées "reste faible en 2019", avec un montant levé de "2,9 milliards d’euros en 2019 contre 1,1 milliard d’euros en 2018 et 2 milliardsd’euros en 2017", relève le rapport de l’AMF. Enfin, la commission des sanctions, sorte de tribunal de l’AMF, a été très active puisqu’elle a prononcé 38 sanctions pécuniaires pour un montant total de 32,32 millions d’euros.

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