Nationalisation d’ATOS / souveraineté stratégique : deux amendements pour nationaliser en partie et temporairement la pépite française

Les déboires d’ATOS continuent d’alimenter la polémique sur souveraineté stratégique française. Deux amendements visant à nationaliser ATOS, en partie, temporairement, sont présentés. La probabilité que l’un ou l’autre soit adopté est faible.

lundi 23 octobre 2023, par Denis Lapalus

ATOS bug de nouveau

En Bourse, la totalité d’Atos vaut 516 millions d’euros, contre 8 milliards d’euros il y a trois ans, en raison d’une succession d’erreurs stratégiques, de fautes de communications financières et de difficultés de gouvernance. Ces derniers mois pourtant, l’entreprise a connu une valse de dirigeants (le groupe a annoncé le départ du président du conseil d’administration, Bertrand Meunier).

Cours action ATOS © TradingView

Souveraineté stratégique

Au nom de la souveraineté stratégique française, gauche et droite montent au créneau pour défendre la mainmise française sur l’entreprise Atos. Et proposent selon nos informations une nationalisation plus ou moins partielle de ce géant en difficulté : 110 000 employés répartis dans 73 pays. Le groupe reste leader européen du cloud, de la cybersécurité et du supercalcul. Il est le partenaire informatique mondial des Jeux olympiques et paralympiques.

Amendement Olivier Marleix

Le premier amendement porté par le chef du groupe LR à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix, propose de consacrer 500 millions d’euros à la nationalisation d’Atos. Selon lui, la situation n’est pas si différente de celle des chantiers navals STX nationalisés par Emmanuel Macron peu après son élection en 2017.

Amendement Philippe Brun

L’autre amendement, déposé par le socialiste Philippe Brun, suggère de consacrer 390 millions d’euros à une prise de contrôle temporaire par l’Etat, non pas de l’entièreté d’Atos mais uniquement des activités stratégiques comme Big Data et Sécurité (BDS) et Atos Worldgrid (le spécialiste des logiciels de gestions pour les centrales nucléaires et divers organismes publics et parapublics). " Acteur crucial de la souveraineté et de la sécurité nationale, le groupe Atos est aujourd’hui en pleine restructuration, laissant courir le risque d’une perte de souveraineté sur des activités comme les supercalculateurs, les systèmes d’intégration de systèmes de sécurité ou encore la cybersécurité", s’inquiète le député PS Philippe Brun.

Son amendement « vise à nationaliser temporairement les entités stratégiques » du groupe. Dans le détail, il s’agirait des activités liées aux téléphones sécurisés des armées, aux clés de cryptage pour systèmes sécurisés, aux logiciels de surveillances urbains, aux logiciels de gestion des services d’urgence, au portail des douanes, au Système de Combat Scorpion pour les armées (SICS), aux logiciels de communication et de combat pour la marine, aux connectiques pour le Dassault Rafale, à la production de supercalculateurs, au logiciel de recherche du renseignement intérieur.

Mais aussi aux « logiciels de gestion des centrales nucléaires », aux logiciels de gestion des réseaux, aux « logiciels de suivi et de gestion sur l’ensemble de la chaîne de valeur énergétique », aux « divers logiciels de gestion informatique de service publics et parapublics (Linky, CNAM, SNCF…). »

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