Stagflation : fidèle à son expertise éprouvée, la qualification de l’inflation de transitoire le prouve, la BCE continue de nier l’entrée de l’Europe en stagflation

Forte hausse de l’inflation, baisse de la croissance, c’est ce qui détermine une période de stagflation. L’Europe est entrée dans cette phase, qui est une très mauvaise nouvelle, mais la BCE, comme pour l’inflation, mettra au moins 6 mois avant de reconnaître son erreur de jugement. Bienvenue dans le monde d’après...

samedi 26 mars 2022, par Denis Lapalus

La BCE a la vue qui baisse...

Il n’est pas bon ton de taper sur la BCE, comme étant la faute de tous nos maux. Ce n’est pas le cas. Toutefois, il est consternant de constater l’aveuglement de ces technocrates de Bruxelles. Comment peut-on être aussi loin du compte dans les différentes anticipations économiques ? Si l’avis des "experts financiers" annonçant une inflation transitoire faisaient sourire dans les médias, quand la BCE prend la parole pour annoncer à son tour une inflation temporaire, l’on pouvait s’attendre à un peu plus à un avis fondé sur des faits, que sur une anticipation personnelle de quelques experts. De même, quand la BCE indique que la période de stagflation n’est pas encore entamée en Europe, est-ce un avis personnel de quelques pontes de Bruxelles ou des faits ? La croissance est en chute libre et l’inflation grimpe. Ces deux points ne sont pas des avis, mais des faits.

L’inflation transitoire de la BCE va durer au-delà de 2023...

Un taux d’inflation attendu à 10% aux USA et proche de 8% en Europe, cela paraît délirant. Rappelez-vous bien de ces estimations et des avancées de la BCE sur cette inflation transitoire qui ne devait pas dépasser les 3%. Personne ne maîtrise la situation dans laquelle nous sommes. Pourquoi alors marteler des estimations au doigt mouillé comme étant des pseudos vérités économiques ? Une seule question de confiance, ne pas apeurer les populations.

Stagflation, nous y sommes, hormis pour le marché de l’emploi...

La France est entrée en stagflation. La seule différence par rapport à la grande crise des années 70 étant que les hausses de salaires n’ont pas encore décollées fortement, et que le marché de l’emploi ne s’est pas encore effondré. Il est en baisse en février selon les derniers chiffres, mais ce n’est pas un reflux massif pour le moment. C’est pourquoi, nous pouvons considérer que nous ne sommes pas encore totalement en période de stagflation, mais que nous nous apprêtons seulement à mettre le deuxième pied. En effet, les hausses de salaires sont marginales (+2,5% en France, 0,6% en Italie, par exemple). Elles ne vont en aucune façon compenser la forte progression de l’inflation dans les mois à venir. Nous allons être confrontés à une compression sans précédent du pouvoir d’achat des Européens.

Adieu pouvoir d’achat...

Si les Français se plaignaient déjà de leur baisse de leur pouvoir d’achat, ils vont encore souffrir bien davantage. La plupart des générations n’a pas connu une telle période. Il est très difficile de savoir comment les consommateurs vont réagir. C’est bien pour cela que la Banque Centrale Européenne tente sans cesse de rassurer la population. L’inflation est en grande partie importée (via l’énergie, les produits agricoles et aussi le taux de change). Une hausse des taux directeurs peut constituer un message important adressé aux marchés. Mais ce ne sera pas efficace pour contrer les pressions inflationnistes. Il faut le reconnaître, la sortie de crise Covid va déboucher sur une récession, probablement du même type que celle de 1970. À moins que les gouvernements prennent des décisions fortes, et cessent ce petit jeu de décisions molles.

Crise immobilière à venir...

Une stagflation découche sur une période récession. Et comme dans les années 1970, le marché de l’immobilier sera le premier a dégringoler. L’immobilier n’est pas une arme anti-inflation, les plus anciens s’en souviennent. Allez appliquer des hausses de loyer de +7% alors que les salaires ne grimpent pas d’autant, vous allez voir. Or, depuis plus d’une décennie, étant le meilleur ratio rendement/risque, les épargnants se sont massivement exposés au marché de l’immobilier. Or tous les nuages s’accumulent pour le marché de l’immobilier :

  • forte remontée des taux des crédits immobiliers (+0.15% / mois depuis ce début d’année 2022),
  • des prix immobiliers totalement délirants,
  • un coût relatif des crédits à son plus haut historique, les emprunteurs n’en ont pas conscience,
  • la fin des dispositifs d’incitation fiscal digne de ce nom en 2022, le Pinel+ étant du délire,
  • la rénovation énergétique des logements est un coût exorbitant, non rentable pour les bailleurs.

Immobilier : le marché s’était déjà bien dégradé en février, les professionnels le confirment, en mars, c’est pire

Le marché de l’immobilier commence seulement à fléchir © FranceTransactions.com/stock.adobe.com

Et pour celles et ceux qui pensent encore que les SCPI investis en direct, via le démembrement, sont des placements attractifs, scrutez donc l’historique des prix des parts de SCPI lors d’une période de stagflation (1970), vous allez vite comprendre pourquoi il ne faut jamais investir sur un placement financier à crédit.

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