Les investisseurs français n’ont découvert les ETF que relativement récemment. Lancés 30 années de cela Outre-Atlantique, en même temps que la stratégie FIRE, l’engouement pour les ETF ne s’est jamais vraiment effrité aux USA. En France, c’est bien la chasse aux frais qui a propulsé ce type de fonds sur le devant de la scène, avant même le fait d’opter pour une gestion passive. L’effet moutonnier aidant, les ETF les plus prisés sont évidemment ceux répliquant l’indice MSCI World et le Nasdaq, dont les récentes performances passées laissent à penser aux investisseurs que la fête pourrait encore perdurer pendant la décennie à venir. La mention de précaution indiquant que les performances passées ne préjugent en rien de celles à venir ne fait plus réellement son effet.
Des comportements moutonniers dont il faut se méfier. L’on ne devrait pas investir sur un support financier uniquement parce que certains influenceurs ou des groupes de forumeurs le conseillent. Les choses sont plus souvent plus complexes. La bonne démarche est d’apprendre par soi-même à se repérer dans les méandres de la finance. Pour les ETF, la bonne nouvelle étant que c’est relativement simple. Plébiscités pour leurs frais de gestion plus faibles que les fonds classiques, les ETF n’ont rien de nouveau. Les premiers ont été lancés aux USA au début des années 1990. Désormais l’offre en ETF est pléthorique. Le revers de la médaille étant que ces fonds ne sont pas gérés par un gérant, mais par un programme informatique. Aucune intelligence à bord, même pas une prétendue intelligence artificielle, ce sera du basique de chez basique. En cas de secousse des marchés, vous n’aurez donc aucun amortisseur rationnel. Et comme tout fonds, un ETF, n’étant qu’un fonds comme les autres, il peut faire faillite et, comme tout investisseur vous pouvez donc potentiellement perdre l’intégralité de votre capital via un ETF. Vous êtes rassuré(e) ? Alors allons-y.
ℹ️ Idée reçue n°1 : Plus un ETF est gros (encours importants) est plus il sera liquide en cas de soucis. Nop, pas forcément. Ce serait même plutôt le contraire, les fonds ayant de gros encours peuvent faire l’objet sous-jacent de produits dérivés émis par des markets makers, et ainsi en cas de krach, seraient parmi les premiers fonds a être attaqués par les prédateurs. Rappel : un fonds (ETF) peut faire faillite.
Les frais de gestion internes, frais d’achat et de sortie,
La qualité de réplication (tracking difference)
ℹ️ Idée reçue n°2 : Scruter les encours serait important pour le choix de ses ETF. Il ne faudrait investir que sur des ETF ayant au moins 300 millions d’euros d’encours, car sinon, ce fonds pourrait fermer prématurément (échec commercial) et donc être source de frais supplémentaires pour l’investisseur. C’était encore vrai par le passé, une dizaine d’années de cela (engouement pour les ETF aux USA, trop d’offres lancées dans tous les sens, soucis de liquidité, faillites, etc.), mais cela ne présente désormais que bien peu d’intérêt. ETF détenus en assurance-vie : un arbitrage ne coûte rien avec les contrats concurrentiels (ce n’était pas le cas 10 ans de cela !). Sur un PEA, tout investisseur effectuera, de toute façon, un arbitrage tôt ou tard, ne serait-ce que pour prendre ses bénéfices ! Et les frais sur PEA sont désormais encadrés réglementairement, donc le risque est minime. Par ailleurs, porter son portefeuille en ETF durant 10 ans sans changer de cap est une illusion réservée aux investisseurs débutants. Il vaut mieux investir sur un ETF parfaitement ciblé, moins chargé en frais, qu’un ETF grand public, indiciel large, qui fera investir indirectement sur de multiples actifs non forcément souhaités, car inclus dans cet indice grand public.
Soyons basiques. La promesse d’un ETF est de répliquer, à la hausse, tout comme à la baisse, les variations de cours d’un sous-jacent. Ce dernier peut être de toute nature (baril de pétrole, cours de l’or, indice boursier, etc.). La majorité des épargnants se fiche de savoir si les ETF qu’ils choisissent sont des "vrais" ETF ou pas. Et pourtant, financièrement parlant, ce n’est pas la même histoire. Les "vrais" ETF sont des fonds qui réplique exactement la composition de leur sous-jacent, physiquement. Un vrai ETF sur le CAC40 pendra position sur les 40 actions de l’indice. Un "faux" ETF CAC40 ne sera qu’un autre fonds investi sur un produit financier répliquant la performance du CAC40. Ce fonds se couvrira par ailleurs sur un autre produit financier (swap) afin de couvrir son risque de contrepartie. Ce type d’ETF est dit synthétique. Comme il a recours a d’autres intermédiaires financiers, la perte de rendement est plus élevée, car davantage d’intermédiaires implique des commissions plus élevées. Les frais de gestion internes à ce type d’ETF seront donc plus élevés, tout comme les risques de défaut d’un intermédiaire. Par ailleurs, en cas de fortes variations du cours du sous-jacent, des barrières peuvent être atteintes (toujours très peu probables d’après les experts financiers, mais le jour où cela se produit, ces premiers seront évidemment en congés), provoquant un souci de liquidité sur l’ETF en question.
D’autres ETF, pour des raisons réglementaires, par exemple d’éligibilité sur le PEA, ont recours à des montages financiers, afin de faire bénéficier aux investisseurs d’une similarité d’investissement sur un indice. C’est le cas des ETF sur les indices boursiers américains. Ces ETF, afin de pouvoir être éligibles au PEA, investissent sur un panier d’actions européennes, swapés contre la performance d’un indice américain. Au final, les investisseurs se retrouvent en prise avec cette indice américain. L’on comprend bien alors que le risque pris par le fonds n’est pas le même. Si dans le panier d’actions européennes une entreprise venait à faire faillite, le fonds pourrait à son tour plonger et ne plus pouvoir maintenir la réplication.
La première chose à regarder est évidemment l’indice sous-jacent. « Il faut différencier entre des stratégies très larges et très diversifiées qui sont pertinentes en fonds de portefeuille et des ETF plus spécifiques, ciblant des niches, rappelle Guy Parent de Vanguard. "À ratisser très large, l’on empoche pas grand chose".
Il faut bien évidemment regarder par la suite les frais de gestion. Force est de constater que, sur certains produits ciblant le S&P 500, on s’approche de la gratuité, avec des frais sur encours de 0,07 % par an chez Vanguard ou iShares. Attention, certains ETF facturent des frais de sortie (désinvestissements).
Le vrai juge de paix pour le choix d’un ETF est en réalité ce que les spécialistes appellent la « tracking difference » : il s’agit de mesurer sur une période donnée la différence de performance entre l’ETF après frais et l’indice qu’il cherche à répliquer. Avec parfois des bonnes surprises puisqu’un ETF peut battre - très légèrement - son indice, notamment grâce aux revenus qu’il peut tirer du prêt de titres. Ainsi, l’ETF Vanguard sur le S&P 500 fait légèrement mieux que son indice depuis son lancement. Enfin, la taille du fonds et la solidité de l’émetteur sont aussi à prendre en compte : ce sont des gages de bonne liquidité du produit, ce qui tend à limiter les frais de transactions.
[(ℹ️ Idée reçue n°3 : Pour construire un portefeuille d’investissements aujourd’hui, les épargnants opteraient majoritairement pour des ETF. C’est faux, les ETF sont en forte progression, mais ne sont pas les fonds les plus recherchés par les investisseurs. Loin de là.
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