Débuter en bourse : quel PEA choisir ? Quelle première allocation effectuer ?
Vous souhaitez investir en bourse, vous souhaitez opter pour un PEA, mais quelques questions se posent encore. Voici des réponses !
vendredi 27 décembre 2024, par Denis Lapalus
Investir en bourse, c’est placer son argent sur le long terme. C’est également prendre des risques, et surtout, ne pas vouloir jouer, la bourse n’a rien d’un casino ! L’on ne prend pas de paris, l’on investit ! Ainsi, ce seront avant tout, pour un débutant, l’occasion d’investir sur des actions servant des dividendes attractifs, ou pas, ou comme la tendance actuelle l’indique, investir sur une sélection d’ETF triés sur le volet, afin de faire grandir ce capital au fil des années.
Opter pour un PEA, c’est l’évidence
Le PEA est un compte-titres classique assorti d’une enveloppe fiscale attractive. Les conditions de détention du PEA, ainsi que sa fiscalité, sont largement détaillés, cf fiscalité du PEA. Lancé en 1993, le PEA n’a cessé d’évoluer au fil du temps. Non, désormais le PEA n’est plus vraiment un frein pour investir sur les actions américaines. Des fonds (ETF notamment) existent afin d’investir indirectement sur les marchés américains. En revanche, investir sur le marché obligataire via un PEA reste toujours très difficile et peu recommandé.
Les meilleurs ETF pour votre PEA : quels ETF choisir ?
Quel capital minimum ?
Avant de se lancer dans l’investissement boursier via un PEA, il est fortement recommandé de se constituer une épargne de précaution. Cette épargne, d’un montant de l’ordre de 3 à 6 mois de ses revenus, doit rester constamment disponible pour parer des dépenses imprévues. Le livret A ou LDDS (ou LEP si éligible) sont des placements épargne dédiés à cette épargne de précaution. De son côté, le capital placé sur un PEA sera mobilisé pour le long terme. L’on investit en bourse que l’argent dont on n’a pas besoin dans au moins les 5 prochaines années à venir. Quel capital minimum de départ est-il conseillé pour investir sur un PEA ? Evidemment, tous les intermédiaires, influenceurs et autres sites d’affiliation rémunérés sur les ouvertures de comptes PEA diront qu’avec quelques centaines d’euros, c’est possible. En effet, l’on peut très bien investir avec 100€ seulement sur un PEA. Mais quel est alors l’intérêt ? Même un portefeuille PEA avec 500 € ne donnera pas grand chose de bien. Plus vous aurez des lignes d’un montant important au sein de votre portefeuille, et plus vous aurez de latitude pour vendre avec des plus-values significatives. Les pourcentages, c’est bien pour les reporting, à publier sur les réseaux sociaux, mais pour un épargnant, ce sont les euros sonnants et trébuchants qui comptent, pas les pourcentages.
Ainsi, votre ligne de 500 € investis sur un ETF MSCI World Index, affichant +6% de hausse moyenne sur une année, c’est bien, mais cela ne fait que 30 euros de plus-values latentes par an ! Allez-vous vraiment prendre vos gains de 30 euros ? Non, vous allez laisser porter votre position et vous laissez exposer à la prochaine baisse du marché qui ne manquera pas d’arriver. Sur ces 30 euros de plus-values, vous devrez encore déduire les frais de transaction (cf les investissements réguliers (DCA) et ses mythes).
En investissant peu de capital par ligne de portefeuille, les frais deviennent de fait proportionnellement élevés, réduisant d’autant la probabilité d’une performance attractive.
Exemple 1 : Kévin a suivi les conseils d’un influenceur sur un forum finance. Ce dernier lui a indiquer qu’il pouvait se lancer en bourse avec seulement quelques centaines d’euros. Toutefois, Kévin est prêt à investir 5.000€. Il ouvre un PEA, et investit sur 5 lignes différentes, 4 lignes actions et 1 ligne d’un ETF MSCI World (c’est tendance !), comme son mentor lui conseille, soi-disant pour "limiter ses risques" (ce qui est faux, le fait de multiplier les lignes ne réduit en rien les risques, il réduit seulement son impact, davantage de lignes = moins de capital investi pour chacune des lignes). Au bout de 6 mois, 3 lignes affichent des plus-values (respectivement 20% et 4% et 2 lignes affichent des pertes latentes de -8% et -12%. Que doit faire Kévin ? Réaliser ses plus-values latentes ? Il se retrouvera donc avec un portefeuille en moins-values latentes, et ainsi de suite. Un portefeuille de moins-values, quel intérêt ? Les actions sont prisées pour leur rendement, et pas seulement pour les écarts de cours.
Comment calculer le rendement d’une action ?
ETF superstar
Investir aujourd’hui en bourse sans passer par des ETF, c’est un peu passer à côté de la tendance actuelle. Les ETF, connus pour leurs frais de gestion réduits, n’ont pas que des avantages.
- 1️⃣ Premier point : un ETF ratisse large. Le plus souvent, les investisseurs vont opter pour des ETF indiciels larges. Les investisseurs misent donc sur l’ensemble des valeurs composant l’indice de référence. Or, pour ne prendre que l’exemple du marché américain, dans le SP500 ou le NASDAQ, ce sont moins d’une dizaine de sociétés qui tirent vers le haut l’ensemble de l’indice. Il vaudrait donc mieux n’investir que sur des sociétés à forte croissance. Un ETF permet donc rarement de n’investir que sur des supports pertinents.
- 2️⃣ Second point, les ETF actions américaines éligibles au PEA pourraient ne pas durer. Les investisseurs français bénéficient du PEA, ce compte-titres doté d’une enveloppe fiscale très attractive. Depuis quelques années, certains ETF investis sur le marché américain sont éligibles au PEA. C’est un non sens réglementaire, mais contourné tout à fait légalement. Ces ETF reposent sur des montages financiers (swaps, échange des variations de l’indice de référence du marché actions américain, contre celui d’un panier d’actions européennes) induisant un risque de marché supplémentaire. Un risque substantiel porte alors sur la contrepartie de ce swap. Le panier d’actions européennes performant largement moins que les actions américaines, un risque existe, au-delà du simple risque de change (Euro/Dollar). Les investisseurs débutants n’entrevoient pas ce risque. Il pourrait se traduire, lors de violentes baisses des indices, par un manque de liquidité sur l’ETF concerné, faisant ainsi varier son cours de bourse encore plus fortement.
- 3️⃣ Troisième point : un seul ETF en portefeuille, c’est risqué ! c’est "miser la couscoussière entière sur un seul numéro". Se concentrer uniquement sur un seul ETF, apparaissant comme généraliste (exemple l’ETF World Index), est une erreur de débutant. Cet ETF mise à 70% sur le marché actions US.
Exemple 2 : Paul suit les conseils d’un influenceur, énonçant que comme le rendement moyen annualisé sur S&P500 est de 8% sur les 20 dernières années, il devrait verser régulièrement sur un ETF SP500 sur un PEA, sur le long terme. Paul est séduit par cette idée. Il a bien lu le fait que les performances passées ne préjugent en rien de celles à venir, mais quand même, il se dit qu’un historique de 20 ans (ou davantage), ce n’est pas rien. Il mise donc tout sur cette stratégie, un ETF SP500. Et basta ! Sur les 20 prochaines années personne ne peut savoir ce que fera le S&P500. Paul ne peut pas savoir non plus si son fonds coté en bourse, un ETF SP500, ne fera pas faillite d’ici là. Il fait un pari, pour le moins risqué. D’autant plus risqué pour un débutant en bourse. Le fait que l’engouement soit fort pour les ETF ne fait qu’augmenter son risque, Paul pense le contraire, plus d’investisseurs optent pour des ETF, et plus cela lui semble une bonne stratégie. Il oublie qu’il concentre alors tous ses risques sur un seul support. Le risque n’est pas sur le fait que l’ETF n’est pas suffisamment généraliste, mais sur le fait que tout le capital est investi sur un seul support.
Un conseiller avisé lui aurait expliqué que Paul devrait investir régulièrement sur un ETF SP500, tout en conservant par exemple 4 autres lignes, sur un ETF OR, une ligne obligataire et un ETF Matières premières par exemple.
Acheter les actions les plus rentables
Logique. Afin de gagner en bourse sur le long terme, et réduire son risque face aux variations erratiques des cours de bourse, il faut capitaliser les dividendes et donc investir sur les actions les plus généreuses en matière de versements de dividendes. Tout le monde sera d’accord. Cela permet de modérer les impacts de variation de cours sur le long terme ou de tomber dans le piège des investissements systématiques.
Quelles sont les actions les plus rentables ?
C’est un marronnier journalistique. Ces listes sont publiées et republiés sur tous les blogs boursiers. Ce seront toujours les mêmes listes et au final. Mais attention de ne pas considérer ces listes comme des recommandations d’achat, au contraire. Le passé appartient au passé. Les actions les plus rentables les années passées ne seront probablement pas les plus rentables dans les années à venir. Pour une raison simple. Plus une action est jugée attractive, et plus son cours augmente. En calculant son rendement, il baisse logiquement... Si vous êtes investisseur et que achetez une fois que la plus grande partie de la hausse du titre a été effectuée, vous allez réaliser un piètre investissement. Ne soyez donc pas un mouton !
Bourse : les 15 actions du CAC40 les plus rentables
TOP | Actions CAC40 | Rdt brut moyen sur 5 ans, de 2019 à 2023 | Variation moyenne annuelle du cours | Rendement annuel des dividendes sur 5 ans |
---|---|---|---|---|
🥇 1 | Hermès | 32,14% | 31,67% | 1,39% |
🥈 2 | STMicroelectronics | 29,94% | 29,37% | 1,55% |
🥉 3 | Schneider Electric | 26,74% | 24,94% | 4,17% |
4 | LVMH | 24,61% | 23,23% | 3,08% |
5 | Stellantis | 20,61% | 16,45% | 7,12% |
6 | Saint-Gobain | 20,12% | 17,98% | 3,98% |
7 | Air Liquide | 19,28% | 14,46% | 7,70% |
8 | Vivendi | 18,78% | 1,93% | 17,76% |
9 | L’Oréal | 18,65% | 17,50% | 2,14% |
10 | Capgemini | 18,10% | 16,81% | 2,34% |
11 | Dassault Systèmes | 16,75% | 16,36% | 0,72% |
12 | Legrand | 15,59% | 13,80% | 2,93% |
13 | BNP Paribas | 13,95% | 9,66% | 5,96% |
14 | Axa | 13,95% | 9,35% | 6,30% |
15 | Eurofins | 13,70% | 12,59% | 1,76% |
La période étudiée court de 2019 à 2023 (Source BFM Bourse). |
Le pire des conseils : acheter une action avant son détachement de dividende : Non, l’on achète pas une action juste avant le détachement du dividende, cela n’a aucun intérêt. Le cours de l’action allant mécaniquement baisser après ce détachement. C’est le piège le plus commun pour les jeunes investisseurs.
Conserver une partie en cash sur son PEA
Contrairement aux conseils souvent prodigués, être toujours investi sur le marché actions via un PEA est également une erreur. Quand la tempête s’annonce, mieux vaut retirer ses billes et attendre au port. Des supports monétaires sont désormais éligibles au PEA, afin de rémunérer son cash. Cette partie en cash sera au moins de 10%. Conserver des billes afin de profiter d’opportunités de marché est toujours un bon réflexe.
Un ETF monétaire éligible au PEA pour rémunérer ses liquidités
Quel PEA choisir ?
Là, c’est assez facile. Si vous êtes un investisseur résident fiscal français, optez pour un courtier établi en France, qui est soumis aux obligations de déclarations fiscales. Cela vous évitera de calculer vous-même ce que vous devez déclarer. Et oui, même avec un PEA, l’on peut être amené à effectuer des déclarations fiscales. Ne l’oubliez pas. Les courtiers français les moins chers du marché sont : BoursoBank, Bourse Direct, Fortuneo. Vous pouvez consulter notre sélection des meilleurs PEA.
Meilleurs PEA 2024 : quel courtier en ligne choisir ?
Allocations PEA prédéfinies
Des intermédiaires financiers, tels que Yomoni (allocations Yomoni PEA, gestion profilée), proposent des allocations profilés pour les investisseurs ne souhaitant pas choisir par eux-mêmes les ETF de leurs portefeuilles. Il existe une petite dizaine de profils, selon le niveau de risque accepté par l’investisseur, du potentiellement moins risqué au plus risqué. L’absence de risque de perte en capital n’existant pas. L’avantage des allocations PEA est évident : c’est un professionnel qui choisit avec soin les ETF du portefeuille pour chaque allocation profilée. Yomoni est un acteur de référence de ce marché. Les frais sont sensiblement plus élevés que pour une allocation effectuée par soi-même, c’est logique. En revanche, l’investisseur n’a pas de temps à passer à suivre les actualités des marchés financiers, sans pour autant, suivre une stratégie risquée d’investir toujours sur les mêmes supports (ex ETF World), sans tenir compte de l’évolution mondiale des marchés financiers.