Épargne : comment anticiper le retour d’une inflation élevée ? Comment protéger son épargne de l’inflation ?

De nombreux épargnants redoutent le retour d’une inflation élevée. La politique monétaire ubuesque des banques centrales de ces dernières années, renforcée par les dépenses pharaoniques des États, pour soutenir une économie vacillante, font craindre un fort retour de l’inflation dans les semestres à venir. La question n’est pas réellement de savoir si cela va se produire ou pas, personne ne le sait. La question reste de savoir comment protéger son épargne face à une forte inflation.

mercredi 23 septembre 2020, par Denis Lapalus

Laissons les économistes et les experts de côté...

C’est bien simple, vous pourrez trouver tous les avis, tout et son contraire, concernant le retour à une forte inflation. Une forte inflation, c’est une inflation dépassant allègrement les 2%. A plus de 3% d’inflation, votre épargne peut s’éroder rapidement... Quid d’une inflation à 4%, 5%... 10% ? Les "experts", ces mêmes qui n’ont pas vu arriver l’explosion de la bulle Internet, la crise des subprimes, le choc économique lié au confinement, attestent haut et fort aujourd’hui, qu’une inflation élevée n’est pas prête de faire son retour. Tant mieux. Mais comme personne ne peut prévoir avec certitude l’évolution de la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement, car inédite à plus d’un titre, mieux vaut encore ne pas prendre des paris : ni sur l’absence d’inflation, ni sur la déflation.

Inflation temporaire ? Et que se passe-t-il ?

Les économistes référents, d’après l’enquête SPF de la BCE publiée début mai montrait que les économistes fixaient la probabilité d’une inflation à long terme supérieure à 2,5 % à seulement 11,1% (un peu plus d’une chance sur 10). C’est dire que pour les "spécialistes", la crainte du retour de l’inflation était fortement improbable. Donc encore tout faux ! Actuellement, l’inflation est de 3.4% en zone Euro au mois de septembre 2021, l’inflation devrait atteindre les 4% dans les prochains mois. Une forte inflation est donc de retour, et son côté passager, transitoire, va durer au final, plus longtemps que prévu. Si les "experts" se sont une nouvelle fois plantés, les banques centrales se sont elles-mêmes pris les pieds dans le tapis, la FED en premier lieu.

Pourquoi cette crainte d’une forte inflation ?

En fait, cette forte inflation est déjà là, mais personne ne peut réellement la mesurer. Les banques centrales n’ont pas cessé depuis ces dernières années d’injecter des milliards. Le stock de monnaie a ainsi augmenté de 400% à 600% depuis 2007 alors que sur la même période, le PIB mondial n’a augmenté que de 57%. Les prix des actifs financiers ont explosé à la hausse, battant en brèche tous les ratios financiers établis depuis des décennies. Cette véritable inondation de liquidités a fait grimper les cours des actions (il faut bien placer cet argent quelque part), a conduit les entreprises et les particuliers à se surendetter. Cela a fait gonfler artificiellement les prix de l’immobilier et pousser un peu plus les États à dépasser les barrières que l’on pensait infranchissables des déficits publics. Bref, l’argent vaut de moins en moins... C’est bien de l’inflation pure et dure.

Inflation mondiale (en rythme annuel)

Zones géographiques Inflation (rythme annuel) Variation (vs précédente publication)
EUROPE 6.10%
-1.50%
USA 2.20%
-0.80%
EMERGENTS 5.40%
+0.40%
FRANCE 2.20%
-0.20%
UK 9.00%
+2.80%
ALLEMAGNE 8.70%
+1.40%
ESPAGNE 10.20%
+0.20%
ITALIE 6.70%
+1.40%
ROYAUME-UNI 6.20%
+0.40%
(Sources : INSEE, BCE, Bureau of Labor Stats, Crédit Agricole). (dernière mise à jour effectuée le 23/03/2022 )

Pas de l’inflation dans le prix des biens de consommation, telle que l’INSEE la publie, mais de l’inflation dans le prix des actifs. De son côté, la relocalisation de la production, les circuits courts, ainsi que les flux tendus devraient logiquement pousser les prix à la hausse. Et pourtant, nous pouvons constater actuellement que l’inflation ne grimpe pas pour autant, pour le moment. Cet impact de la relocalisation peut être dérisoire. Les injections de liquidités continuent de plus belle. Ce petit jeu pourra-t-il durer éternellement ?

L’inflation, l’ennemi n°1 des épargnants

L’inflation vient réduire d’autant la valeur du capital placé, car l’argent perd de sa valeur. Les épargnants le savent bien. Ces dernières années, l’inflation a rendu le taux de rendement réel (net d’inflation) du livret A négatif. L’inflation, telle que défini par l’INSEE, n’est pas forcément la même inflation que celle qui vient éroder le capital des épargnants. En effet, l’inflation telle que publiée par l’INSEE concerne les prix à la consommation. Cette mesure ne concerne donc pas l’inflation des prix des actifs, tels que les actions, l’or ou même l’immobilier.

Comment se protéger de l’inflation ?

Afin de ne pas subir l’inflation, hormis pour son épargne de précaution, il faut vider ses comptes courants et ses comptes épargne. Liquider tous les placements de capitaux (y compris les fonds euros) et investir dans des actifs tangibles et dans l’économie réelle. L’épargne retraite est également impactée par l’inflation. Cela peut paraître radical, et pourtant c’est bien le seul moyen de se protéger d’une forte inflation.

L’immobilier, le pêché mignon des Français... Mais attention à l’indigestion !

Immobilier, mais pas à n’importe quel prix ! Alors bien évidemment, surtout pour les Français, totalement accrocs à l’immobilier, le réflexe naturel sera l’immobilier physique. Mais est-ce vraiment une bonne piste ? Cela fait maintenant bien trop longtemps que la bulle immobilière s’est construite en France. Les Français ont redécouvert les risques de l’immobilier depuis le confinement avec les incertitudes portant sur les SCPI, tout comme avec les premières baisses de prix. Les faibles taux de crédits immobiliers incitent, de leur côté, de nombreux Français à s’endetter sur le très long terme. L’inflation serait alors un atout pour ces Français endettés. Le remboursement de leur crédit coûtant moins que le capital emprunté. Seul hic. Le prix d’achat, bien trop élevé, un retournement de marché et les derniers acheteurs se sont endettés sur 20 ans pour un bien qui pourrait perdre 20% de sa valeur. Ainsi si l’on compare les revenus des Français aux prix de l’immobilier, l’écart ne cesse de se creuser depuis le début des années 2000 (cf courbes de Frigitt). Cet écart pourrait-il ne jamais être comblé ? Il faudra expliquer comment serait possible. Toujours est-il qu’acheter de l’immobilier physique en 2020 dans les grandes villes est une prise de risque élevée. Un retournement du marché de l’immobilier n’est pas exclu, et il sera d’autant plus violent que la bulle immobilière est déjà loin dans le ciel.

L’OR ? Un pari bien risqué ! Rien d’une valeur refuge !

Acheter de l’OR ? : Second réflexe des Français. Acheter de l’or pour se constituer une épargne de long terme. Les Français sont les champions du monde de détention d’or. Pas moins de 3.000 tonnes d’or sont détenues par les particuliers. 25,4% des Français détiennent du métal jaune. Mais cette épargne serait bien plus affective que réellement utile. L’OR ne procure aucun rendement, ne procure aucun avantage fiscal et sa contre-valeur en devises reste une prise de pari. Hormis un objectif de transmission patrimonial sur le long terme, l’OR n’est plus, depuis la fin des années 1970, une valeur refuge. Mais les idées reçues sont tenaces. L’once d’or a connu des records historiques en 2020, pour des raisons essentiellement liées au décalage du marché du dollar américain. Alors acheter de l’or au plus haut pour se couvrir contre l’inflation ? Cela ne semble pas être une bonne idée.

Investir dans une forêt ? Une voiture de collection ?

Acquérir des biens tangibles : Certains auront des préférences pour les forêts (investissement très en vogue, groupement d’investissements forestiers, 25% de réduction d’impôt sur le revenu à la clé), d’autres pour des caves patrimoniales, des chevaux de course, des voitures de collection, du vignoble... Bref, tout ce qui peut vous passionner ou auxquels vous croyez, et bien-sûr qui soit réel, tangible.

Économie réelle, une PME à laquelle vous croyez !

Investir dans le capital des entreprises : la plupart des actions connaissent depuis près de 3 années une vague inflationniste totalement irrationnelle. Seules les actions ayant un PER(ratio cours/bénéfice) modéré sont à considérer. En revanche, investir en direct dans le capital de PME semble bien plus pertinent. Une réduction d’IR de 25% est accordée jusqu’au 31 décembre 2020. Par ailleurs, les fonds de Private Equity commencent à faire leur entrée sur les différents produits financiers, tels que l’assurance-vie ou les PERIN. Une occasion de diversifier ses placements.

Où placer à moindres risques ? Liste des placements refuges

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