Chute du marché de l’immobilier : le secteur du bâtiment se prépare, une nouvelle fois, au pire
Le secteur du bâtiment figure parmi les cassandres des crises annoncées et jamais arrivées. Le secteur du bâtiment va bien, même très bien. Les niveaux d’avant crise ont été atteints. Toutefois les marges du secteur tournent autour des 2%. Trop faible pour absorber la moindre baisse d’activité... Et pourtant c’est bien ce qu’il va se produire.
mercredi 15 juin 2022, par Denis Lapalus
Les ventes en immobilier neuf s’écroule logiquement. Les prix deviennent inaccessibles, les conditions de financement sont de plus en plus délicates avec la hausse des taux d’intérêt, et l’empilement des normes ne fait que réduire le nombre de dépôts de permis de construire.
Quand le bâtiment va... Tout ne va pas si mal...
Jusqu’ici tout va bien. Mais les entreprises du bâtiment anticipent une chute du marché du logement neuf. Les mises en chantier de logements individuels ont encore augmenté depuis le début de l’année mais les ventes des promoteurs chutent. D’où cette nouvelle inquiétude de la Fédération Française du Bâtiment (FFB).
Chute des permis de construire en 2020 et 2021
Le bâtiment est le secteur qui emploie le plus de jeunes en France. L’inertie de ce secteur est telle que les effets de la chute des permis de construire de 2020 et 2021 ne fera son effet qu’à partir de 2023. En 2022, la construction demeure marquée par le contraste entre le logement individuel, qui reste porteur, et le collectif, en berne : pour les quatre premiers mois de l’année, les mises en chantier sont en hausse de 8,3 % pour l’individuel par rapport à la même période de 2021, alors qu’elles fléchissent de 6,1 % pour le collectif. En revanche, les indicateurs sont au vert pour les deux catégories de logements en matière d’autorisations de chantier : +21,2 % et +22,5 % .
RE2020, un bazar qui fait grimper les prix
S’agissant de l’individuel, la FFB relève cependant une baisse de 8,1 % pour avril, et l’explique par la fin du « choc positif » qu’a été la mise en œuvre, à compter du 1er janvier, de la nouvelle réglementation environnementale pour la construction neuve RE2020 . Surtout, le secteur est menacé par la chute des ventes de logements neufs par les promoteurs (-9,4 % en glissement annuel sur le premier trimestre), et celles des constructeurs de maisons individuelles (-25,5 % sur un an).
L’immobilier neuf s’écroule
« Le logement neuf craque », constate le président de la FFB, inquiet de la prolongation de la hausse des prix des matériaux de construction et, par voie de conséquence, de la dégradation des marges des entreprises. En parallèle, le marché de l’amélioration-entretien, reste ferme sa croissance étant estimée à 1,4 % au premier trimestre. Dans ce contexte, les Assises du bâtiment, annoncées par Bruno Le Maire, sont « les bienvenues » pour Olivier Salleron. À l’occasion de ce rendez-vous, promis par le ministre de l’Economie pour début juillet, il est déjà prévu de se pencher sur l’indexation des prix des marchés, la simplification administrative, l’éventuel renforcement de MaPrimeRénov’ et l’accompagnement des entreprises en matière de trésorerie (l’allongement des PGE est notamment évoqué).
La FFB préconise un « mécanisme d’amortissement généralisé en faveur du locatif privé » pour remplacer les régimes fiscaux dérogatoires et gagner en stabilité et en visibilité. Par ailleurs, la fédération appelle à mesurer l’impact de la transition écologique et numérique sur la filière. « La RE2020, c’est aussi des surcoûts », observe le président de la FFB. Olivier Salleron, qui les évalue de 5 à 12 %, explique même le décrochage du marché de la maison individuelle neuve par la nouvelle réglementation. La FFB, qui veut « construire une relation privilégiée » avec l’Etat, plaide pour l’instauration d’un « Conseil national de la construction ». Elle rappelle que le secteur a créé plus de 8000 postes au cours du premier trimestre, le solde net depuis la fin du premier confinement de la crise sanitaire s’élevant à 86.600, soit une progression avoisinant 7 %.